[Grève de la SNCF (mai 1991)]

[Grève de la SNCF (mai 1991)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT3473B 07
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historiqueLe 14 mai 1991, grève suivie à Lyon par les cheminots de la région de Lyon. Occasionnant de graves perturbations dans les gares. Et ce n'est pas fini. La CGT prolonge son préavis pour les 15 et 22 mai.
historiquePeu de trains dans les gares. Des voyageurs qui entament une deuxième série de cent pas sur le quai, les bras ballants, un oeil fixé sur l'horizon, l'autre sur la montre. Tôt [le 14 mai 1991], l'habituel tableau des jours de grève à la SNCF s'est dressé dans les gares de la région. Villefranche-sur-Saône, Saint-Etienne, Valence, Montélimar, Chambéry, Grenoble et dans toutes les dessertes... partout, le trafic ferroviaire a été perturbé. A Lyon, un TGV sur deux circulait. Quant aux trains rapides et express, ils étaient pratiquement inexistants. Dans les divers dépôts de la région, l'heure était au débrayage. A Lyon-Mouche, à La Guillotière, la plupart des quatre cents agents de conduite avaient cessé le travail dès [le 13 mai au soir]. Idem à Vénissieux et à Vaise. Tous avaient répondu à l'appel à la grève de la CGT et du syndicat autonome des agents de conduite (FGAAC), afin de "protester contre les décisions du gouvernement visant à porter atteinte au droit à la retraite". Les deux syndicats grévistes, qui représentaient plus des trois quarts des agents de conduite aux dernières élections professionnelles (CGT 39,2%, FGAAC 36,5%), revendiquent le maintien du régime spécial de retraite de la SNCF. "Parce que l'on a une vie de c... pendant 25-30 ans, que durant toutes ces années on vit décalé et qu'à l'heure de la retraite nous voulons pouvoir vivre correctement", déclare l'un d'eux. Les deux syndicats grévistes redoutent que les orientations définies dans le Livre blanc du gouvernement sur les retraites, qui a fait l'objet d'un débat [le 14 mai] à l'Assemblée nationale, ne conduisent à la disparition du régime spécial des cheminots. Les agents de la SNCF bénéficient en effet du droit à la retraite à 50 ans pour les "roulants" et 55 ans pour les "sédentaires" à condition d'avoir cotisé 25 ans (contre 37,5 ans dans le régime général). Le conflit porte également sur la modification de la grille des rémunérations, qui fait actuellement l'objet de négociations entre la direction générale et les syndicats. Si à Lyon le mouvement semble avoir été suivi, du côté de la SNCF on tient à souligner que "le taux de participation des grévistes a été très faible sur la région : 1,87% de l'ensemble du personnel, plus précisément 8,87% du personnel de conduite. D'autre part, "il a été fait le maximum pour satisfaire les voyageurs. Les trains du matin et du soir ont été assurés en priorité. Certains trains, qui n'étaient pas prévus à cause de la grève, sont même partis. Le TGV de 14h49 en gare de La Part-Dieu par exemple". Ces affirmations ne sont pas sans laisser perplexe les nombreux voyageurs qui n'ont pu prendre leur train quotidien. Et notamment, François Missonnier, président de l'AVUC (Associations des voyageurs et usagers des chemins de fer) : "A la SNCF tout est possible. Après le racket (NDLR : l'AVUC est connu pour s'être battue pour la réduction de la RESA TGV), la prise d'otage. Des milliers de voyageurs ont été pris en otage par des syndicats inconscients pour de vagues questions de retraites qui inquiètent par ailleurs tous les Français pour les années à venir. Cette prise d'otage à des fins purement politiques mettant encore une fois en péril les entreprises déjà fortement pénalisées par un mois de mai gruyère". Cependant, l'homme d'affaires reconnaît que "la SNCF a fait d'énormes efforts aujourd'hui (le 15 mai) pour aider les usagers et les agents commerciaux ont été particulièrement serviables. Néanmoins, l'AVUC s'élève encore contre ces pratiques et exigera dès aujourd'hui le remboursement des RESA et des suppléments, qu'ils aient été compostés ou non, contrôlés dans le train ou non. Cela pour que la direction de la SNCF puisse présenter aux syndicats fauteurs de troubles la note qui, nous l'espérons, permettra de diminuer les primes exorbitantes reçues par les conducteurs une fois encore en grève". De son côté, la CGT ne l'entend pas de cette oreille. "La direction de la SNCF a empêché une cinquantaine d'agents de conduite qui ne faisaient pas la grève de prendre leur service ce matin (le 15 mai) sur Lyon entre 10 et 13 heures. La direction de la SNCF fait la grève au même titre que nous. Elle est la première gréviste de ce mouvement. Tout dépend de sa volonté". Une accusation qui fait rire d la direction régionale, même si on reconnaît que l'appel à la grève a été surestimé sur la région lyonnaise. "Le préavis a été lancé tardivement dans une période de ponts. On ne savait pas ce que cela allait donner. Il a fallu établir un service minimum et adopter des dispositions au dernier moment. Qu'il ait eu un flottement, c'est normal. On ne peut pas lancer un train dans la bataille sans savoir s'il va pouvoir revenir". Quoi qu'il en soit, la SNCF se veut rassurante pour [le 15 mai]. "Le trafic devrait redevenir normal dès 4 heures du matin, qu'il s'agisse des TGV, des trains rapides et express". Cependant, le son de cloches était différent du côté des cheminots CGT de la région de Lyon, qui affirmaient, [la veille], vouloir continuer le mouvement pour "une période qui n'est pas encore déterminée. Nous entendons poursuivre l'action dans l'unité la plus large. Le syndicat met d'ores et déjà tout en oeuvre pour élargir le mouvement dans l'ensemble de la corporation et même au-delà". Ses responsables en profitent pour lancer un nouveau préavis de grève pour le 22 mai. Ce jour-là, le conseil d'administration de la SNCF siègera pour la première fois en province, à Lyon... Source : "Les syndicats sur les rails" / David Chapelle in Lyon Figaro, 15 mai 1991, p.3.

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